Quelques tranches de mon parcours
Un sentier tracé par
son départ
À 19 ans, j’ai perdu mon frère de 22 ans, emporté par le cancer.
Son décès a bouleversé ma trajectoire.
Ça a changé ma façon de voir la vie, la mort, et tout ce qu’il y a entre les deux.
Je n’ai pas tout de suite compris ce que ça transformerait en moi, mais rien n’a plus jamais été pareil.
Ces livres qui laissent une trace
Après sa mort, j’ai lu le livre: L’amour, la médecine et les miracles de Bernie Siegel.
Ce livre m’a marqué. Il parlait de ce fil invisible entre le mental et le corps, et de la puissance qu’on porte sans le savoir.
C’est à ce moment-là que mon chemin a commencé à prendre la direction du développement personnel, même si je n’en avais pas encore conscience.
La danse, autrefois
La danse, c’était une autre vie. Pendant dix ans, j’ai performé, pas pour exister, mais pour créer. Plus de 135 spectacles, duo, solo ou en groupe.
J’étais dans les troupes de danse du cégep, je suis entrée au bac en danse à l’UQAM en 1993.
Sur scène, j’apprenais la rigueur, la précision et la beauté du mouvement collectif.
J’y ai aussi rencontré la vulnérabilité, ce vertige d’oser se montrer devant tous.
Quitter la ville, trouver la forêt
En 1995, j’ai tout quitté. La danse, l’université, la ville et ses règles qui m’étouffaient.
Direction Alberta, forêt, racines, boue, mouches et ours noirs.
Je plantais des arbres le jour, perdue dans mes pensées. C’était l’époque des Walkman. J’avais deux cassettes, toujours les mêmes chansons qui tournaient dans mes oreilles. C’était dur.
Physiquement, chaque coup de pelle résonnait dans mes poignets. Mentalement, je tournais en rond, envahie de petites mouches, de pluie, de soleil brûlant, au beau milieu de nulle part avec une petite sandwich écrasée au jambon mayonnaise et ma pomme poquée.
Après un mois et demi à planter des arbres, j’ai laissé derrière cette nouvelle vie pour rouler vers le Yukon, en quête de quelque chose que je ne savais pas nommer. L’aventure peut-être ?
2000 kilomètres à vélo, des montées et des pensées
C’est l’automne en 1996. Trois semaines. Quatre personnes.
2 000 km à vélo de Vancouver à Santa Cruz. Des vues à couper le souffle. Des crampes dans les quadriceps. Des rencontres magnifiques et inspirantes.
Physiquement vraiment exigeant.
Mentalement, j’étais souvent prisonnière de mes pensées, que j’alimentais sans en comprendre l’impact.
Je ne savais pas encore comment apprivoiser mes pensées, mais ce voyage a planté une graine.
Chaque coup de pédale, une remise en question de mes choix.
Le corps avançait, l’esprit se vidait… ou se remplissait. C’était terriblement difficile.
En même temps, ce fut une expérience inoubliable.
La piqûre du voyage
Après la Californie, c’est le sac à dos pour traverser la pointe du Yucatan au Mexique, puis le Guatemala et l’Honduras pour terminer sur une plage de Garifuna.
Chaque pays m’a offert ses couleurs, sa culture, sa vie, ses saveurs. Je voulais tout voir, tout goûter, tout ressentir. Voyager, c’était vivre pleinement, un pas à la fois.
Ensuite, il y a eu la Thaïlande, pour faire un mois d’escalade ensuite, le Népal pour un trek de 3 semaines; le circuit de l’Annapurna et la Thaïlande encore… pour 3 mois et demi.
Tomber, aimer, repartir
En 1998, j’ai voyagé l’Asie encore…
-Thaïlande, Vietnam, Chine, Laos-
Cliquez ici pour avoir l’histoire de mon aventure au Laos.
J’ai terminé mon voyage à Railey beach au sud de la Thaïlande en y demeurant 13 mois à explorer les parois d’escalade, à gérer un bar, à découvrir ce que c’était de vivre "Thai style" sans même me rendre compte de la chance que j’avais de vivre une telle expérience.
ET… où j’ai tombé follement amoureuse d’un Thaïlandais. Ma première chute libre amoureuse. J’avais ouvert mon cœur entièrement, dans la vulnérabilité complète, je me laissais aller pour la première fois; sans frontières, sans murs.
Mes blessures d’enfance ont été réactivées dans cette relation que je peux aujourd’hui nommer toxique. La jalousie avait étouffé l’espace où l’amour aurait dû respirer et à sa place, c’est la trahison qui a trouvé son chemin entre nous.
Quand je suis revenue au Canada, à l’été 2000, je suis rentrée avec un cœur en morceaux que je portais dans mes mains, sans trop savoir comment recoller ce qui s’était brisé là-bas.
Une peine d’amour comme celle-là ne disparaît pas simplement avec le temps ; elle laisse des traces dans l’âme, elle résonne dans chaque recoin du corps comme un écho qui refuse de mourir.
Pendant des années, entretenir des relations amoureuses a été un chemin semé de peurs, d’ombres, et de blessures non guéries parce qu’un tel traumatisme ne s’efface pas du jour au lendemain.
Il m’a fallu 25 ans pour que la douleur cesse de vivre à l’intérieur de moi… et pour ressentir, enfin, qu’il est peut-être possible d’oser aimer à nouveau, un jour, sans la peur de tout perdre.
Malgré ce que je vivais cet été de l’an 2000, j’ai continué à cuisiner thaïlandais, en mettant en pratique ce que j’avais appris là-bas. Mes soupers entre amis devenaient de plus en plus grands et de plus en plus en demande.
Le tsunami, et le retour du sens
En 2004, la Thaïlande est frappée de plein fouet.
J’organise rapidement deux soirées bénéfice à plus de 100 personnes par soir. 3 500 $ sont récoltés.
Mon amie Sophie et moi sommes allées sur place pour aider directement. On a d’abord soutenu une famille, puis, dans un village temporaire, on a construit des plateformes sous les petites maisons temporaires sur pilotis, offertes par le gouvernement, pour que les habitants puissent rester au sec pendant la mousson.
Quand on est reparties, une autre équipe a pris la relève. L’élan a continué, jusqu’à ce que chaque famille ait sa plateforme.
Ce moment m’a rappelé qu’au fond, l’être humain porte en lui ce désir de tendre la main. Et parfois, il suffit d’un simple geste pour réveiller la lumière qu’on croyait éteinte, en soi comme chez les autres.
Same same but different
En 2005, après le tsunami, j’ai ouvert Same Same But Different, un restaurant thaïlandais à Jasper. C’était plus qu’un resto, c’était un lieu de rassemblement.
C’était un endroit vivant, rempli de rires, d’odeurs d’épices et de rencontres prévues et imprévues.
Le guide de voyage “Lonely Planet” l’avait choisi comme numéro un à Jasper.
Mais au-delà de ça, ce qui comptait pour moi, c’était de voir les gens se sentir chez eux, ensemble, autour d’une table. J’étais très fière de ma création.
Un message inattendu
En 2007, Same Same But Different a fermé ses portes. J’ai laissé Jasper derrière moi pour un temps; le temps de me perdre un peu en Colombie-Britannique…cherchant où aller ensuite…pour me retrouver à Jasper une fois de plus.
Puis, un jour, un message est arrivé sur Facebook. C’était Rich, mon premier copain, celui de mes 15 ans. Nous avons échanger pendant un certain temps.
L’opportunité s’est présentée et il est venu me retrouver à Jasper; peu après, il partait vivre au Caire. Je me suis dit, pourquoi pas? Alors je l’ai rejoint en Égypte où j’ai enseigné le français dans une école privé. Quelle expérience celle-là !
Je découvrais une autre culture, un autre rythme, et vraiment mais vraiment un autre monde.
Je me disais que c’était incroyable ce dont on est capables d’accomplir dans la vie. C’était quasi surréel quand j’y pensais.
Un petit guerrier nommé Ronin
Mars 2011. Je tombe enceinte.
Le 22 décembre, Ronin naît à Hinton, Alberta; à 45 minutes de Jasper.
Ronin signifie « samouraï sans maître ».
Un enfant, un guide, un nouveau départ.
L’amour inconditionnel.
… et je m’oublie sur le rond arrière du poêle pour donner toute mon attention à mon fils.
J’ai oublié de me rappeler que j’étais importante aussi.
Contre mes valeurs
On déménage à Fort McMurray pour l’argent.
Je suis loin de mes valeurs, loin de moi.
6 mois plus tard, on rentre à Montréal.
Repartir à zéro. Encore.
J’ai compris qu’on ne fait rien de bon quand c’est seulement pour l’argent.
Même si quelque part en moi, je le savais déjà, ça me le confirmait à présent.
Le masque social
De retour à Montréal, de retour en restauration. J’ai commencé serveuse, puis je suis devenue gestionnaire à L’Oeufrier.
Je n’aimais pas la façon dont les gens me regardaient quand je disais que je travaillais en restauration.
J’avais l’impression d’être jugée, de ne pas être « assez ». C’était ma perception.
Peut-être que c’est pour ça que je voulais en sortir. Ou peut-être qu’au fond, je savais qu’il y avait quelque chose de plus grand pour moi. Je ne sais pas. Mais un jour, j’ai compris : ma valeur ne tient pas dans un titre.
Je remercie la vie de m’avoir permis de travailler aux côtés d’Alexandre Richard, propriétaire de L’Oeufrier.
Chaque fois qu’il entrait dans le restaurant, c’était comme si un ancrage venait de se poser au milieu de la pièce. On se sentait instantanément en sécurité, comme si sa simple présence pouvait apaiser toutes les tempêtes. Il dégageait une confiance tranquille et une stabilité rassurante, cette impression profonde que, quoi qu’il arrive, tout allait être correct.
Faudrait pas qu’il lise ceci… sa tête ne passera plus dans les cadres de portes ! lol !
Un premier signe
En 2018, l’AVC frappe.
Une intervention. De l’anxiété. De la peur. Cliquez ici pour avoir une anecdote rigolote…
Je découvre la méditation… temporairement.
Je réalise que lorsqu’on alimente nos pensées, ça nous rend plus anxieux et qu’on perd le contrôle. Je réalise aussi que je suis maître de tout ça. Ça me fascine. Peu à peu, je vais mieux et j’oublie de me rappeler le pouvoir de nos pensées et cet événement marquant.
Mais je suis tellement reconnaissante de pouvoir me réveiller à chaque jour pour vivre une journée de plus sur cette planète. Quel privilège! On le prend tellement pour acquis.
Je me laisse distraire une fois de plus par les distractions de notre société… car j’oublie de me rappeler l’importance de rester près de son essence; même si à ce moment-là, je ne sais pas trop ce que ça veut dire…ou aurais-je oublié ?
Le mirage du succès
À 51 ans, Mercedes-Benz m’ouvre une porte.
Statut. Salaire. Vitrine brillante.
On se limite tellement en croyant qu’il est trop tard pour apprendre… À 51 ans, j’ai découvert que l’apprentissage n’a pas d’âge et que la réussite non plus.
L’épuisement me rappelle : tu n’es pas à ta place. Je me vide à nouveau.
La vie me freine pour me réaligner.
Le plus beau cadeau qu’elle a pu me donner, c’est cet arrêt forcé.
La vraie discipline
Chaque matin, je me lève à 5h30.
Gratitudes. Douche froide. Breathwork. Méditation. Yoga. Silence. Journaling.
Même quand c’est dur, je continue.
Car c’est dans l’inconfort qu’on renaît, qu’on grandit. Petit à petit, je deviens celle que j’attendais.
Ça prend de la constance, beaucoup de patience, beaucoup de douceur, de l’acceptation de soi et de l’acceptation de ce qui est.
En bout de ligne, je me choisis car je sais que la guérison se fait en allant voir à l’intérieur, en ayant le courage de se regarder dans le miroir et d’éplucher l’oignon pour se rendre à son essence.
L’amour de soi.
C’est aussi celle qui aime sans conditions.
Servir pour guérir
Je découvre que mon rôle, c’est de servir. Pas par obligation, mais par essence.
Guérir nos blessures, c’est rendre le monde plus doux.
Brunch Etc. devient ce lieu de connexion où on appartient. Où on peut être vu et entendu. Où le besoin numéro un est comblé. Enfin.
Tania Garby
FONDATRICE
Tania, c’est l’audace d’aimer sans réserve, même après les tempêtes. C’est une âme libre qui a dansé avec le deuil, roulé sur des milliers de kilomètres pour se retrouver, et cuisiné l’amour dans chaque assiette.
Exploratrice du cœur et du monde, elle transforme chaque chute en élévation. À travers Brunch Etc., elle n’offre pas qu’un moment — elle ouvre un espace. Un espace pour ralentir, réfléchir, et se reconnecter à ce qui compte vraiment : l’humain.